Après Lyon, Besançon, Marseille, Saint-Étienne, Avignon, nous revenons à Paris pour la troisième randonnée urbaine dans la capitale. Le thème annoncé : « les lieux du pouvoir ». Voyage dans l’histoire avec les châteaux du passé, et dans l’espace avec les palais de la République et les ministères, en ce jour, affairés au déménagement des cartons et des meubles.
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De la gare de Lyon, dont nous admirons le relookage tout juste terminée, nous empruntons la « promenade plantée » jusqu’à la Porte Dorée, cheminant dans le vert et les fleurs, en tranchée, ou en surplomb sur des façades d’immeubles de tous styles. Nous entrons dans le Bois de Vincennes en jetant un coup d’œil aux bas-reliefs du Pavillon de l’Exposition Coloniale, qui abrite maintenant la Cité Nationale de l’histoire de l’immigration, longeons le lac Daumesnil, où le nombre de joggeurs croisés depuis le départ s’accroît, disputons sur les tavaillons du toit du Centre Bouddhique, et traversons le Bois par un sentier bordant un petit cours d’eau. Arrivée dans la grande cour du Château de Vincennes, avec son Donjon, ses remparts, ses tours, sa Sainte Chapelle. Les mariées en grand apparat ont remplacé les joggeuses et cherchent le meilleur cadre pour immortaliser leur amour ou leur robe. Déjà 8 km, il est temps d’aller prendre place au Saint-Louis, à une centaine de mètres du fameux chêne (replanté dans les années cinquante), restaurant réservé et recommandé par les internautes. Nous ne sommes pas déçus.
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Sieste dans le métro : nous sommes confortablement installés à l’avant de la rame entièrement automatisée de cette ligne n°1, la première percée en 1900, qui transporte actuellement jusqu’à 725000 voyageurs/jours ! Une demi-heure de somnolence, un peu secouée par les coups de frein heureusement amortis ( !) par les boggies qui viennent du Creusot, ou occupée à se prendre pour le pilote du train et nous débarquons au cœur de la foule, sous l’Arc de Triomphe.
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Descente des « Champs… » sur la rive gauche ; nous snobons le Fouquet’s sur la rive droite
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et enfilons quelques galeries, saluons au Rond-point la statue du Général qui semble lui aussi partir en randonnée ; marquons la pause devant l’Élysée inoccupée, avant de flâner dans les rues des parfumeurs, couturiers et autres chausseurs aux noms prestigieux et aux prix astronomiques.
Point de vue à La Madeleine sur l’Assemblée Nationale.
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Petites ruelles et passages sélects dans le quartier des théâtres, Opéra, rue de la Paix, Place Vendôme avec le Ministère de la Justice, en bonne position pour surveiller les grandes bijouteries d’en-face, la Cour des Comptes rue Cambon, et… on s’affale sur un large banc de pierre du Jardin des Tuileries pour un bref repos…
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C’est reparti ! Passerelle Solferino et ses innombrables cadenas scellant autant de promesses d’amour à un fragile grillage au-dessus de la Seine…
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et coule l’eau sous le pont !
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On aperçoit beaucoup de monde devant le siège du PS, on opte pour virer à droite à hauteur du Musée de la Légion d’honneur où dans des vitrines moins exposées d’autres quincailleries encore plus chargées de symbole (et de pouvoir) essaient de résister au temps. Devant, à même le trottoir, un piano nous offre ses envolées de notes éphémères, à nous qui passons, et à un public conquis dans le flot des visiteurs du Musée d’Orsay. Nous frayons notre chemin entre les murs d’un tas de Ministères (Défense, Commerce, Éducation, Anciens Combattants) pour passer devant Matignon et aboutir au Bon Marché, square Boucicaut, baromètre du moral des ménages (des beaux-quartiers), et entreprise libératrice des femmes au XIXe siècle (commentaires sur place) ! Nous pénétrons dans Saint-Germain-des-Prés, haut lieu du jazz des années folles, des célèbres bistrots des non moins célèbres écrivains, et maintenant des galeries d’art. Justement, passage obligé devant les Beaux-arts avant de déboucher sur les quais à hauteur de l’Institut de France. Flânerie le long des boîtes vertes des bouquinistes, jusqu’au Pont-neuf. Place Dauphine, Palais de Justice, La Conciergerie… Notre-Dame : brève contemplation, et rafraichissements bien mérités (déjà 16 km) chez Esméralda, brasserie à l’ombre de la Cathédrale.
À un rythme plus cool, nous nous remettons en marche, hésitant à nous transformer en simples badauds captés par les bateleurs qui squattent les ponts de l’Ȋle Saint-Louis. De nouveau, les quais, jusqu’à l’Hôtel de Ville. Ce devrait être le terminus, mais nous avons de la peine à nous arrêter et votons pour une petite rallonge qui nous mène au Trou des Halles, qu’on a jugé bon de recreuser à nouveau : à la prochaine randonnée nous aurons quelque chose de neuf à découvrir ! Nous payons notre km supplémentaire par un court trajet en RER bondé ; ça aussi, c’est Paris. Heureusement la prochaine station c’est la Gare de Lyon, et le TGV. Dans moins de deux heures, on pourra apprécier (encore plus) nos collines boisées et… notre matelas.

Michel Baur.